RN 8 – Incendies de forêt

incendie de foret

Mise à jour : mars 2021

Mathias Lavolé, responsable du pole formation – IRMa
Romain Matile, Warucene

 

Sommaire :

 

1  Définitions

Les incendies ou feux de végétation sont des sinistres qui se déclarent dans une formation végétale, qui peut être de type forestière (forêts de feuillus, de conifères ou mixtes), subforestière (maquis, garrigues ou landes) ou encore de type herbacée (prairies, pelouses…), qui concernent une surface minimale de 0,5 hectare d’un seul tenant, et qu’une partie au moins des étages arbustifs et/ou arborés (parties hautes) est détruite.

On appelle incendies ou feux de forêt ceux qui se déclarent et/ou se propagent dans des formations forestières ou subforestières. Compte tenu qu’il n’y a pas de définition juridique de ces termes, on se reporte à l’état physique des terrains concernés et non à leur classement administratif (tel celui du cadastre) ; quant aux définitions techniques, les divergences s’estompent sous l’effet d’une volonté d’harmonisation internationale.

Ainsi, la base de données sur les incendies de forêt en France (BDIFF – voir § 3.1 ci-après) appelle incendie de forêt un incendie concernant soit une forêt (couverture par des arbres supérieure à 10 %) soit d’autres terres boisées (couverture par des arbres comprise entre 5 et 10 % ou couverture par d’autres végétaux ligneux supérieure à 10 %), à condition que ces deux types de formations aient une surface minimale d’un demi-hectare et s’étendent sur une largeur supérieure à 20 mètres. La base Prométhée, de conception antérieure et concernant uniquement la région méditerranéenne française (voir § 2.3 ci-après), distingue d’une part les feux de forêts, garrigues, maquis et landes (si ces formations s’étendent sur au moins un hectare d’un seul tenant) et d’autre part les feux de l’espace rural et périurbain (pour tous les autres cas).

Le Code forestier (nouveau), LIVRE Ier : DISPOSITIONS COMMUNES À TOUS LES BOIS ET FORÊTS en son article L.111-1, spécifie que les dispositions communes à tous les bois et forêts (y compris pénales) concernant la défense et la lutte contre les incendies de forêt s’appliquent indépendamment de leur régime de propriété. L’article L. 111-2 stipule que sont considérés comme des bois et forêts au titre du présent code les plantations d’essences forestières et les reboisements ainsi que les terrains à boiser du fait d’une obligation légale ou conventionnelle. Doivent également être considérés comme des bois et forêts les landes, maquis et garrigues (Le titre III du présent livre) et les dunes (Le titre IV du présent livre).

Pour apparaître et se propager, un feu de forêt a besoin de trois éléments :

comburant combustibel energie

– un combustible : la végétation forestière et subforestière. La forêt sera d’autant plus combustible que les constituants du milieu (litière, strate herbacée, strate arbustive, strate des ligneux hauts) auront une teneur en eau faible (variable avec le niveau de sécheresse, le stade végétatif, la présence d’arbres secs suite à des chablis ou à des maladies, etc.), que ses strates seront riches en essences volatiles ou en résines ;

– un comburant : l’oxygène de l’air. L’évolution du feu (intensité et direction) dépend très largement des caractéristiques locales du vent, elles-mêmes modifiées par le relief, voire par le feu lui-même (qui crée son propre vent) ;

– une source externe d’énergie : une flamme, une étincelle, un brandon. Le combustible, pour s’enflammer, doit être porté à une température suffisante pour activer la réaction chimique de combustion : il y a d’abord évaporation de l’eau contenue dans le combustible (au-delà de 100°), puis émission de gaz inflammable par pyrolyse et enfin inflammation (vers 225-275°).

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2  Nature, causes et effets

Une documentation abondante traite de cette problématique. Le guide méthodologique plan de prévention des risques d’incendies de forêt (PPRIF – voir § 3.4 ci-après) ainsi que plus récemment le guide de doctrine opérationnelle (GDO) « Feux de forêts et d’espace naturels » de Février 2021 en offrent une vision synthétique en particulier le GDO – Feux de forêts, Chapitre 1 – Connaissances générales et Chapitre 2 – Les risques.

 

2.1  Les différents types de feux de forêt

On distingue trois types de feux de forêts et d’espaces naturels combustibles. Ils peuvent se produire simultanément sur une même zone. Ainsi, un feu de surface peut se transformer en feu de cimes et inversement.

2.1.1. Les feux de sols

Ces feux concernent la matière organique contenue dans la litière, l’humus ou la tourbe et leur vitesse de propagation est faible. Bien que peu virulents, ils peuvent être très destructeurs en s’attaquant aux systèmes souterrains des végétaux. Avec la déprise, de nombreuses zones périphériques des forêts qui pouvaient servir de zones de coupe-feu[1], ont été colonisées par des formations végétales, telles que friches, landes, garrigues et maquis.

Cette situation a été aggravée par la diminution des prélèvements en forêt et un mauvais entretien, qui ont conjointement conduit à la présence de bois morts (chablis, etc.) dans les forêts et au développement des sous-bois. feux de sol
Les feux de sols peuvent prendre différents aspects © Matthieu Robert – SDIS 85

 

Ces feux couvant produisent beaucoup de fumée, en raison de la combustion incomplète, et donnent lieu à des émissions plus importantes de monoxyde de carbone.

Parmi les feux de sols, on distingue les feux de tourbe. Ces derniers qui se propagent dans le sol, sont peu virulents avec une faible vitesse de propagation et une grande rémanence. Ils peuvent durer des mois et résister tout l’hiver sous une couche de neige.

feux de tourbe
Feu de tourbe en forêt du Morvan, à l’été 2019. © Jean-Baptiste Horteau – SDIS 89

 

 

[1] Ce vocable ancien n’est plus utilisé professionnellement depuis des années, à dessein, car en fonction des éléments circonstanciels rien n’est véritablement susceptible d’arrêter le feu. Pour autant, dans l’inconscient collectif et par raccourci, nombreux sont les services et journalistes à l’utiliser encore. Aujourd’hui, il est plus correct d’évoquer des zones d’appui à la lutte (ZAL) et/ou de zones de résistance à la propagation (effet de percolation, le feu considéré comme un fluide s’écoule plus difficilement au milieu d’ilots de résistance naturels ou artificiels).

 

2.1.2. Les feux de surface

Ces feux brûlent les strates basses de la végétation, c’est-à-dire la partie supérieure de la litière, la strate herbacée et les ligneux bas. Ils se propagent généralement par rayonnement et concernent la garrigue ou les landes.

La propagation peut être rapide lorsqu’ils se développent librement et que les conditions de vent ou de relief y sont favorables (feux de pente). La vitesse de propagation est de l’ordre de 0,5 à 1 km/h.

Les principales contraintes de ce type d’incendie sont liées également à la proximité d’habitations isolées ou en hameau, de réserves de gaz domestique ou de stockages d’hydrocarbures, de bâtiments agricoles, de stockages de fourrage, ou encore de bois, de broussailles, de lignes haute tension, de voies SNCF ou de circulation. La présence de badauds peut rendre difficile les accès au sinistre et entraver l’action des secours.

feux de surface
Le feu de surface © Matthieu Robert – SDIS 85

Parmi les feux de surfaces, il faut intégrer les feux de surfaces agricoles (récoltes sur pieds, chaumes).

Les feux de récoltes sur pied se caractérisent par :

  • un front de flamme à progression rapide de 3-4 mètres de haut ;
  • une atmosphère très enfumée ;
  • une propagation par les escarbilles avec ou sans vent soutenu ;
  • un flux thermique important notamment avec les oléagineux ;
  • une relative persistance du feu après le passage du front.

Les feux de chaumes se caractérisent par :

  • des résidus de récolte minimes et d’une hauteur de quelques centimètres ;
  • une vitesse de propagation du front de flamme38 souvent faible à modérée (avec des flammes d’une hauteur de 1 mètre maximum généralement) ;
  • un flux thermique qui reste modeste ;
  • une persistance du feu après passage du front sera courte en raison de la faible quantité de matière.

Lorsque les pailles, au sortir d’une moissonneuse batteuse, ne sont pas broyées, elles forment des andains très fragiles. Ces matériaux combustibles mis en tas mais aérés brûlent avec un effet de type mèche.

Il ne faut pas oublier le risque de propagation du sinistre aux engins agricoles qui peuvent contenir de grande quantité de carburant et d’huile hydraulique nécessitant la mise en œuvre de moyens de production de mousse.

Les moissons se déroulent par temps sec pour récolter des céréales avec un taux d’humidité bas, ce qui peut amener à un développement rapide de feux virulents et à la propagation rapide et difficilement contrôlable du feu, augmentée selon le vent (potentiel phénomènes de tornade).

D’autres facteurs majorants sont susceptibles d’influencer le développement du sinistre :

  • la diversité des caractéristiques des feux en fonction du type de végétal :
  • une surface plane ;
  • l’uniformité de la végétation sur de grandes surfaces ;
  • le risque de propagation à des tiers (exploitations agricoles, élevages, éoliennes, etc…) ;
  • la présence ou non d’obstacles au vent,
  • l’état de la récolte (sèche ou verte) ;
  • la présence d’engins agricoles.

feux de chaumeLes champs coupés non déchaumés peuvent parfois servir de parkings en plein air officiels ou sauvages) lors de rassemblement (concerts, brocantes, etc. Le risque incendie y est fort notamment en raison du contact possible des pots d’échappement avec le chaume. © Djamel Ferrand – DGSCGC

 

1.2.3. Les feux de cimes

Les feux de cimes brûlent la partie supérieure des arbres et forment une couronne de feu. Ils libèrent en général de grandes quantités d’énergie et leur vitesse de propagation est très élevée.

feux de cimesLe feu de cimes © Matthieu Robert – SDIS 85

Ils sont d’autant plus intenses et difficiles à contrôler lorsque le vent est fort et la végétation sèche.

Ces feux sont le plus souvent consécutifs à des feux de strates arbustives et arborescentes. Les feux de cimes seuls sont rares.

 

2.2  Les facteurs favorisant le risque de feux de forêt

La structure et la composition de la végétation, les conditions météorologiques et le relief, les activités humaines enfin peuvent plus ou moins favoriser l’éclosion et la propagation des feux de forêt.

  • La structure et la composition de la végétation :

Certaines formations végétales sont plus sensibles au feu que d’autres ; leur vulnérabilité ou leur résistance dépend de nombreux facteurs, tels que la structure du peuplement forestier (qui évolue avec l’âge), son aptitude à couvrir le sol (très variable selon les essences forestières), les vitesses de croissance des espèces constitutives, leur inflammabilité, leur résistance au passage du feu, leur aptitude de reconquête après incendie. Ces rapports sont très complexes et à même d’engendrer un certain nombre d’idées fausses, d’où l’importance des observations de terrain et des mesures de laboratoire.

Ainsi, la structure du peuplement est aussi importante, si ce n’est davantage, que le type de végétation. Enfin, c’est la continuité du couvert végétal, horizontale et verticale, qui va majoritairement jouer sur la sensibilité au feu du peuplement, en favorisant ou non la propagation de l’incendie.

  • Les conditions météorologiques et le relief :

Les conditions météorologiques telles que la température, le degré d’humidité de l’air, l’historique des précipitations et le vent influencent fortement la sensibilité de la végétation au feu. En effet, des températures élevées, des vents violents et un déficit hydrique de la végétation constituent un terrain extrêmement favorable à l’éclosion et à la propagation des feux de forêt. Certaines régions se trouvent de ce fait prédisposées à ce risque, comme le pourtour méditerranéen.

Les conditions stationnelles telles que la topographie (pente, cuvette…), l’orientation des versants (ubac/adret) doivent également être prises en compte dans l’appréciation de l’aléa.

  • Les facteurs humains :

L’évolution de l’occupation du sol, qui conduit, depuis plusieurs décennies, à l’augmentation de l’interface habitat/forêt, accroît considérablement le risque d’incendies de forêt. En effet, les zones de contact entre nature et société sont plus nombreuses du fait de l’extension de l’urbanisation, de l’interpénétration des espaces végétalisés et urbanisés (phénomène de mitage urbain) et souvent du manque d’entretien des coupures naturelles de combustibles (déprise agricole).

Les nombreuses activités humaines telles que les travaux agricoles ou forestiers, les transports, les loisirs, en contact avec ces espaces naturels, contribuent au déclenchement des incendies de forêt.

Ainsi, les interfaces habitat/forêt peuvent être perçues à la fois comme vulnérables au feu et comme sources d’aléa.

Risque incendie facteurs humains

 

2.3  Les causes des feux de forêt

Les feux de végétation font l’objet de la part des services départementaux d’incendie et de secours (SDIS) d’enregistrements qui sont généralement complétés par les informations et constats que peuvent effectuer d’autres intervenants tels que les météorologues, les forestiers, les gendarmes, les policiers.

D’une façon générale, la cause principale des incendies de forêt en France, lorsqu’elle est connue, est d’origine humaine et involontaire (travaux, imprudences) ; la foudre, facteur naturel, représente une part beaucoup plus faible mais néanmoins variable selon les régions et les années, comme c’est aussi le cas pour les autres causes (incendies volontaires notamment).

Par exemple, pour les 15 départements du Sud-Est reconnus comme très sensibles aux incendies de forêt, toutes les données sont rassemblées depuis 1973 dans la base de données Prométhée qui fournit ainsi différentes synthèses par année, département, voire commune sous forme de cartes, de bilans, de tableaux et graphiques divers. Son exploitation permet également de déterminer pour ce secteur méditerranéen les causes des départs de feux, même si les résultats doivent être interprétés avec prudence ; celles-ci peuvent être regroupées en 5 catégories :

  • cause inconnue : environ la moitié des feux ;
  • cause naturelle (moins de 10 % des feux connus, mais avec des variations sensibles selon les années) : foudre, à l’origine souvent de multiples déclenchements simultanés ;
  • cause accidentelle (10 % environ des feux connus) : lignes électriques, chemins de fer, véhicules, dépôts d’ordures ;
  • cause humaine involontaire (40 à 50 % des feux connus) : travaux (agricoles et notamment écobuage, forestiers, industriels ou publics), imprudences (travaux des particuliers, loisirs, jet d’objets incandescents) ;
  • cause humaine volontaire (30 à 40 % des feux connus) : pyromanie, intérêt politique ou foncier, conflit.

La connaissance des origines des incendies est le fondement de toute politique de prévention efficace. Ainsi, lorsque les causes de feux sont connues, il est alors plus facile de les éradiquer par la mise en œuvre d’actions concrètes, au-delà des actions de prévention telles que la surveillance, la vigilance ou le débroussaillement. C’est dans ce cadre que s’inscrit la spécialité d’investigateur des feux de forêt au travers de cellules départementales de recherche des causes et circonstances d’incendie (RCCI).

Les incendies sont en grande majorité d’origine humaine, que ce soit par accident, par négligence ou bien intentionnel. Cependant, la proportion des feux dont l’origine est inconnue reste encore importante. L’amélioration de la connaissance des origines des incendies nécessite de développer la recherche des causes d’incendies, justifiant la création et la formation d’équipes spécialisées.

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Site de PROMÉTHÉE 2 : La banque de données sur les incendies de forêts en région Méditerranéenne en France.

 

2.4  Les effets des feux de forêt

Les incendies de forêt ont des conséquences à la fois humaines, économiques, écologiques et sanitaires. Plus de 20 000 ha brûlent encore en moyenne en France métropolitaine chaque année (22 400 ha pour la décennie 1999-2009 contre 45 000 ha pour la décennie 1979-1989).

feux hectares brûlés France

 

  • Impact sur les hommes, les biens et les activités :

Ce sont les sapeurs-pompiers qui paient le plus lourd tribut, très souvent lors d’incendies à caractère exceptionnel. Les habitations, les zones d’activité, etc. sont particulièrement vulnérables si elles n’ont pas fait l’objet d’une protection particulière, soit lors de leur construction, soit par la maîtrise de la végétation environnante. Les équipements, notamment linéaires, se trouvent également touchés.

Outre les traumatismes psychologiques, les grands incendies peuvent causer de graves perturbations à l’activité économique. C’est en particulier le cas dans les régions où la forêt représente une richesse et une source d’emplois importante, comme dans les Landes.

La lutte enfin est d’un coût élevé pour la collectivité nationale par la mobilisation des moyens qu’elle implique : la Mission interministérielle de 2010 (voir son rapport au § 2.5 ci-après) a ainsi évalué à plus d’un demi-milliard d’euros la somme consacrée annuellement par l’Union Européenne, l’Etat et ses établissements publics, les collectivités territoriales et les propriétaires forestiers aux politiques de prévention (1/3) et de lutte contre les feux de forêts (2/3), avec une augmentation des dépenses en termes réels de 1988 à 2008 de plus de 50 %.

 

  • Impact sur le milieu naturel et sur la survenance possible d’autres aléas naturels :

Même si l’emploi du feu a été (et est encore dans certaines conditions) un auxiliaire de l’homme pour la chasse, la mise en valeur pastorale, la culture sur brulis ou le brûlage dirigé, ses conséquences peuvent être très préjudiciables selon l’intensité et surtout la répétitivité des incendies et selon la richesse biologique initiale des milieux.

Un incendie a des conséquences immédiates, telles que la dégradation des paysages, la disparition d’animaux ou de végétaux pouvant appartenir à des espèces rares, l’émission de CO2 ainsi que de poussières (Particules Fines) et de gaz nocifs (dont des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) cancérigènes) qui polluent l’atmosphère. La survie des communautés végétales et de la faune est variable selon les types d’incendies, les espèces concernées, leur âge, etc. ; en général, les couvertures arbustive et arborée se reconstituent assez rapidement, par production de rejets ou par dissémination de graines ; certaines espèces peuvent être favorisées (le feu peut en effet faciliter la levée de dormance de certaines graines, telles celles des cistes ou celles des pins d’Alep) ; toutefois, la dynamique végétale, surtout après une série d’incendies successifs, reste encore mal connue.

En outre, les sols s’appauvrissent et demandent en général plusieurs décennies pour retrouver leur richesse biologique ; ils peuvent même disparaître en cas d’incendies répétés, en particulier sur les pentes sous l’effet du ruissellement et du ravinement, provoquant de nouveaux risques en aval ou les accroissant.

Les risques de chutes de pierres augmentent aussi en général, notamment sur pentes calcaires, compte tenu notamment de la disparition de la végétation basse (buis, etc.,) qui les maintenait en place ou amortissait leur rebond ; de petits ensembles rocheux peuvent même être déstabilisés sous l’effet de la chaleur ou de la calcination de l’humus.

 

2.5  Et le changement climatique ?

A titre indicatif et d’une façon très approximative, il est possible d’assimiler une hausse de 1°C de la température moyenne à une translation du climat de l’ordre de 150 km vers le nord ou à une remontée en altitude de 150 m. On constate déjà que le climat méditerranéen remonte vers le nord et que les étages de végétation gagnent en altitude (par exemple dans les Alpes) : les espèces animales et végétales en témoignent ; toutefois, la rapidité de l’évolution prévue laisse craindre que la plupart des essences forestières n’auront pas le temps de coloniser d’elles-mêmes les nouvelles aires favorables, notamment en plaine. Par ailleurs, l’augmentation prévisible de la fréquence et de l’intensité des sécheresses estivales, corollaire à celle des températures, est de nature à accroître les dépérissements forestiers, en perturbant et en affaiblissement durablement les arbres, ouvrant ainsi la voie aux attaques parasitaires ; la question de l’augmentation ou non du risque tempête, du fait du changement climatique, se trouve également posée. Un tel contexte induit donc des risques nouveaux d’incendies de forêt en périodes de canicule et/ou de longs épisodes de sécheresse ; on l’a déjà observé en 2003.

La Mission interministérielle désignée pour analyser les conséquences du changement climatique dans les décennies à venir (2030-2050) sur l’aléa feux de forêt, l’extension probable des zones sensibles sur le territoire métropolitain et faire les propositions nécessaires pour permettre au gouvernement de préparer ces échéances sur ce thème a remis en 2010 son rapport.

Pour l’établir, elle s’est livrée, sur la base des 3 scénarios du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) avec l’appui d’experts spécialisés notamment de Météo France, de l’Office national des forêts (ONF) et de l’Inventaire forestier national (IFN, aujourd’hui IGN (Institut national de l’information géographique et forestière), à diverses simulations : celles-ci prennent en compte notamment l’évolution prévisible de l’indice forêt météo (IFM), dépendant des seules conditions météorologiques, et celle de la sensibilité de la végétation, évaluée à dire d’expert, en supposant que sa composition n’aura pas significativement évolué d’ici 2040 à moins de dépérissements généralisés peu prévisibles ; au-delà de 2050, la Mission a considéré que l’hypothèse d’alimentation hydrique, retenue comme discriminante entre des situations actuellement semblables, n’était plus utilisable et n’ a donc pas produit de carte d’aléas pour les périodes au-delà de cette échéance.

Elle estime que les surfaces sensibles, qui représentent actuellement environ 1/3 des surfaces forestières métropolitaines, pourraient augmenter de 30 % à l’échéance 2040 ; elle considère en outre que, compte tenu de l’orientation à la hausse très marquée à l’échéance 2060, qu’à l’échéance 2050, c’est près de la moitié de la surface des landes et forêts métropolitaines qui pourrait être concernée par un niveau élevé de l’aléa feux de forêts.

La mission indique des voies d’optimisation des moyens de lutte existants grâce à une modernisation accrue des moyens de détection, à un renforcement de la prévision ainsi qu’à un renforcement des moyens aériens sur les zones Sud-Ouest et Ouest (sous réserve d’assurer le maintien à niveau des moyens aériens consacrés actuellement au Sud-Est) ; elle estime que cette augmentation de 30 % des surfaces sensibles se traduira par une augmentation des coûts d’au moins 20 % d’ici 2040 (en euro constant). La mission émet enfin une série de recommandations adaptées à cette nouvelle situation prévisible concernant les différents volets de la politique de prévention, indique les limites de sa démarche et souligne tout l’intérêt de développer des outils d’analyse de la sensibilité de la végétation (carte des peuplements, conditions stationnelles) ainsi qu’une méthodologie d’analyse adaptée en s’appuyant notamment sur Météo France, l’ONF et l’IFN.

Certaines des mesures préconisées figurent dans le plan national d’adaptation au changement climatique (2011). Par ailleurs, faisant suite au livre vert de la Commission sur l’impact du changement climatique, le Parlement européen a recommandé également en 2011 l’adoption d’une réglementation européenne pour mieux protéger les forêts contre les incendies.

picto-pdfChatry, J.-Y. Le Gallou, M. Le Quentrec, J.-J. Lafitte, D. Laurens et B. Creuchet, Rapport de la mission interministérielle : Changement climatique et extension des zones sensibles au feu de forêt, CGAAER, IGA et CGEDD, 2010, 90 p. + atlas cartographique et tableaux + annexes. Téléchargeable ici en pdf et sur le site du CGEDD

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3  Mesures de prévention des incendies de forêt

La politique nationale de prévention et de lutte contre les incendies de forêt garde un certain nombre de spécificités à mettre en relation avec les conditions naturelles, l’histoire, etc., comme par exemple les conditions climatiques, les potentialités des sols, les possibilités de valorisation économique (forestière, sylvo-pastorale, réserve foncière en attente de construction), le mode d’appropriation (Etat, communes, particuliers), le morcellement foncier.

Ainsi, les propriétaires forestiers du massif landais ont mis en place au XIXème siècle une organisation sur la base d’associations syndicales (AS) de défense des forêts contre l’incendie (DFCI) assurant non seulement la prévention mais aussi la lutte directe contre les feux de forêt ; ces associations de DFCI ont été rendues obligatoires en 1945 dans tout le périmètre des Landes de Gascogne. Après les grands incendies de la période 1937-1947 (environ 400 000 ha brûlés) et de 1949 (le 20/09, 82 morts à Cestas (33) ; 140 000 ha détruits), devant l’urgence et l’importance des efforts à fournir pour remettre en état et reconstituer les forêts détruites, les associations syndicales autorisées (ASA) de DFCI ont pris en charge les travaux de prévention et la mise en valeur du territoire et les corps de sapeurs-pompiers forestiers professionnels la lutte active. Après la tempête Martin du 27/12/1999, la tempête Klaus du 24/01/2009, en affectant 600 000 ha du massif landais (soit près des deux tiers du massif), a gravement fragilisé un équilibre économique déjà contraint et accru au moins provisoirement le niveau de risque, ce qui a amené l’Etat à adapter son dispositif d’intervention, jusqu’alors essentiellement centré sur le Sud-Est.

Sur le pourtour méditerranéen, la situation est différente : sensibilité forte aussi aux incendies mais rentabilité économique de la forêt souvent nulle ou très faible, déprise agricole et recolonisation végétale (avec quasi doublement des surfaces boisées en un siècle), implication de l’Etat et des communes au titre de propriétaires forestiers, accroissement préoccupant de la vulnérabilité par mitage périurbain au cours des dernières décennies. C’est l’Etat qui, dans ces conditions, s’est trouvé moteur et c’est très souvent à partir des pratiques et des savoir-faire qui y ont été développés que s’est mise en place une politique nationale de lutte et de prévention.

Les retours d’expérience après les grands incendies, comme par exemple ceux d’Aquitaine déjà évoqués, ceux de 1986 (cf. massif du Tanneron (13), les 23 et 24/08 : 1 mort, 200 blessés ou intoxiqués, 7 000 ha détruits), de 1997 (cf. Marseille (13), du 25 au 28/07 : 4 650 ha brulés ; Septèmes les Vallons (13), le 25/07 : 3 450 ha brulés), de 2000 (cf. Vivario (28), le 24/08 : 3 900 ha brulés) ou de 2003 (10 morts, dont 4 pompiers, plusieurs centaines de pompiers blessés ; 73 000 ha brulés en France métropolitaine, dont 62 000 ha pour la seule zone méditerranéenne, bilan voisin de celui des années 1976, 1989 et 1990) ont ainsi contribué à façonner la législation et à mieux organiser les moyens.

Les départements et territoires d’outre-mer peuvent également être concernés : cf. les graves incendies dits du Maïdo, à la Réunion, de 2010 et surtout de 2011 où près de 2 800 ha de forêt ont été ravagés sur un territoire classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

La politique de prévention des incendies de forêt est mise en œuvre par le ministère en charge des Forêts, en s’appuyant sur ses établissements publics (ONF, IGN, Centre national de la propriété forestière (CNPF)) et en liaison avec le ministère en charge de la Sécurité civile, le ministère en charge de l’Environnement, les collectivités territoriales et les propriétaires forestiers. Elle vise à prévoir le risque et à traiter les causes ; à surveiller les forêts pour détecter les départs de feux et pouvoir intervenir rapidement ; à équiper, à aménager et à entretenir l’espace rural dont l’espace forestier ; et enfin à informer le public et à former les professionnels.

Des dispositions législatives et réglementaires spécifiques sont prévues pour les « bois et forêts réputés particulièrement exposés au risque d’incendie » situés dans les régions Aquitaine, Corse, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, Poitou-Charentes, Provence-Alpes-Côte d’Azur et dans les départements de l’Ardèche et de la Drôme (soit 32 départements considérés comme à risque élevé). Celles-ci peuvent être étendues par l’autorité administrative compétente de l’Etat (après avis des conseils municipaux intéressés et du Conseil général) aux « bois et forêts classés à risque d’incendie » dans d’autres départements que l’on peut alors considérés comme à risque moyen.

Pour coordonner les actions de prévention dans ces départements et ainsi améliorer l’efficacité globale du dispositif, l’Etat et les principaux autres acteurs ont mis en place une organisation particulière, différenciée toutefois selon l’espace géographique concerné (région méditerranéenne d’une part, Sud-Ouest d’autre part).

Quant à la lutte, elle repose d’abord sur les SDIS. Leur action peut être renforcée par des moyens spécifiques (avions bombardiers d’eau, unités de Sécurité civile, unités militaires de renfort, colonnes de renfort de sapeurs-pompiers) mis en œuvre par le ministère en charge de la Sécurité civile, sous la coordination de la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC) et des préfets de Zone de défense et de sécurité.

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Annexe 1 de RN 8 – Incendies de forêt : Organisation de la coordination pour la prévention DFCI dans les 32 départements considérés comme à risque élevé. Téléchargeable ici en pdf

 

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MAAF, Prévention des incendies de forêt 2012, 2012, 35 p. Téléchargeable ici en pdf et sur le site du ministère en charge des Forêts

 

picto-pdf
MI, Protéger la forêt contre l’incendie : dispositif de lutte 2013 – Dossier de  presse, 2013, 15 p. Téléchargeable ici en pdf et sur le site du ministère en charge de la Sécurité civile

 

3.1  La connaissance des phénomènes, des aléas et des enjeux

La BDIFF, établie sur la base d’un socle commun minimum d’informations défini au niveau européen, rassemble toutes les données relatives aux incendies de forêt survenus en France métropolitaine depuis 1992 ; celles-ci portent sur l’intervention des services de secours, l’évaluation des dégâts sur l’écosystème et la détermination des causes. Les pages d’accueil du site apportent toutes les précisions nécessaires à ce sujet ainsi que sur les acteurs, les objectifs, les modalités de mise à disposition des résultats, etc.

Après incendie, une cartographie détaillée est établie sous la responsabilité des principaux acteurs et selon la répartition de leurs missions, afin d’estimer les dégâts subis par le milieu naturel et déterminer les actions à entreprendre (mobilisation de bois récoltables, potentiel de reconstitution, risques induits en particulier d’érosion, etc.).

Par ailleurs, des atlas du risque d’incendies de forêt, avec cartographie des massifs selon leur niveau de sensibilité et des territoires générateurs de risque, sont établis dans les départements sensibles, en particulier à l’appui des plans de protection des forêts contre l’incendie (PPFCI), par les services forestiers (direction départementale des territoires (et de la mer) (DDT(M)), ONF, CNPF), en liaison avec les SDIS.

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Base de données sur les incendies de forêt en France (BDIFF)

 

3.2  La surveillance, la prévision, la vigilance et l’alerte

Il n’existe pas à ce jour de bulletin de vigilance incendie de forêt diffusé au niveau départemental comme c’est le cas pour les autres risques climatiques.

Néanmoins, les préfectures des départements considérés comme à risque élevé diffusent à l’attention du public diverses informations telles que les niveaux de danger synthétiques par territoire, les consignes de prudence associées ainsi que les limitations réglementaires apportées aux activités, en particulier en ce qui concerne l’accès aux massifs forestiers et l’usage du feu. Ces mesures peuvent en outre être durcies selon les conditions locales par les maires en vertu de leur pouvoir de police.

L’indice forêt météo (IFM) permet de quantifier quotidiennement la propension à l’éclosion et à la propagation initiale des feux en fonction des seuls paramètres météo. Il peut donc être déduit des prévisions météorologiques pour le lendemain et les jours à venir : d’un calcul relativement complexe, cet indice prend notamment en compte les précipitations, l’humidité relative de l’air, la température et la vitesse du vent ainsi que la réserve en eau du sol.

Calculé par Météo France pour le compte de la DGSCGC , il est utilisé dans les états-majors des zones de défense et de sécurité en tant qu’élément d’aide à la décision pour le pré-positionnement des moyens de l’Etat ainsi que pour la conduite de la lutte lorsque des incendies sont en cours ; il est porté à la connaissance des préfectures et des SDIS.

D’autres paramètres météorologiques, relevant de l’expertise locale, sont nécessaires pour apprécier quotidiennement le risque et adapter la stratégie de lutte. C’est le cas par exemple du vent (y compris celui que génère l’incendie selon l’orographie et d’éventuels effets de brise de vallée ou de mer qui, selon les lieux et les heures, sont favorables ou défavorables à son extension) pour ce qui concerne la vitesse de propagation du front.

Pendant la période estivale en région méditerranéenne, un réseau piloté par l’ONF avec l’appui scientifique de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) effectue des mesures, une ou deux fois par semaine selon le degré de risque, sur la teneur en eau des végétaux (2 points par département) ; le Centre d’essais et de recherche de l’Entente pour la forêt méditerranéenne (CEREN) les complète par des mesures de l’inflammabilité du chêne kermès et du romarin.

Durant les périodes les plus critiques de l’année (période estivale, en particulier), l’état-major interministériel de zone Sud (EMIZ Sud), situé à Valabre (13), établit quotidiennement des cartes d’indice de risque à 6 niveaux pour la région méditerranéenne (120 secteurs pris en compte) : ces cartes sont élaborées par une cellule météo à partir des observations et des prévisions portant à la fois sur les conditions hydrométéorologiques (IFM) et sur l’état de la végétation (teneur en eau, inflammabilité). Météo France apporte également son assistance à l’EMIZ Sud-Ouest, situé à Bordeaux (33) pour l’établissement d’une cartographie du risque (143 secteurs pris en compte).

Dans les départements considérés comme à risque moyen, les SDIS établissent, le cas échéant, des cartes de risques locales au vu de l’IFM et de la sensibilité estimée des principaux massifs au risque d’incendie.

Cette évaluation quotidienne du risque permet donc selon le niveau estimé, d’une part la mobilisation préventive des moyens locaux, voire nationaux, afin de réduire au maximum les délais d’intervention sur départs de feux, d’autre part après interprétation au niveau départemental, l’information du public, la mise en œuvre de mesures de police adaptées, la mise en alerte, etc.

Pendant les périodes sensibles, des dispositifs spécifiques de surveillance sont mis en place ; ils sont adaptés aux caractéristiques générales des massifs forestiers (topographie en particulier) et plus ou moins renforcés selon les conditions météorologiques du jour : vigies, tours de guet, patrouilles, guet aérien (généralement armé) en période critique ; des véhicules d’intervention sont par ailleurs pré-positionnés, d’autres patrouillent pour intervenir sur feux naissants.

Compte tenu des progrès technologiques, ce domaine de la prévision et de la surveillance est en constante évolution (après celui notamment des télécommunications ayant par exemple favorisé la coordination inter-services), ce qui devrait permettre de raccourcir encore les délais d’intervention des secours et de limiter ainsi le risque de développement de grands incendies difficilement maitrisables.

 

3.3  L’éducation et l’information préventive

Aux actions générales menées par l’Etat sur une base identique avec les adaptations nécessaires à la nature du risque, s’ajoutent celles particulièrement développées au niveau local dans les départements sensibles par les différents acteurs de la prévention et de la lutte. En période de risque élevé, ces actions sont renforcées sur le terrain auprès des résidents saisonniers, des promeneurs et des usagers de la forêt. C’est ainsi qu’en partenariat avec le Conservatoire de la forêt méditerranéenne, l’Office de l’environnement de la Corse, la région Languedoc-Roussillon et la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’Entente pour la forêt méditerranéenne mène chaque année une campagne de prévention spécifique à l’intention des touristes et des résidents, par diffusion notamment de dossiers et de guides spécifiques.

Par ailleurs, compte tenu que l’état des risques naturels et technologiques ne prend en compte les incendies de forêt qu’au travers d’un PPRIF (prescrit, appliqué par anticipation ou approuvé), le Code forestier (dans sa dernière version) instaure qu’en cas de mutation, conclusion ou renouvellement de bail, une obligation d’information incombe au cédant ou au bailleur concernant l’obligation de débroussailler ou de maintenir en état débroussaillé ainsi que l’existence d’éventuelles servitudes concernant les territoires, bois et forêts exposés aux risques d’incendie (article L.134-16 du Code forestier).

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Fiche DGi1 : Information préventive des populations

 

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Site Prévention incendies de forêt (campagne annuelle d’information en territoire méditerranéen)

 

3.4  La prise en compte des risques dans l’aménagement et l’urbanisme

La prise en compte du risque incendie de forêt nécessite de conduire les études, au moins préliminaires, au niveau du bassin de risque.

Le guide méthodologique spécialisé PPRIF permet de comprendre notamment comment cartographier l’aléa en fonction de ses différentes composantes (végétation, climat, topographie, activité humaine), de son intensité et de son occurrence, évaluer les enjeux, prendre en compte les zones défendables au vu de leur niveau d’équipement de protection et d’accessibilité.

La maîtrise de l’interface habitat-forêt et l’interdiction, sauf exceptions, de constructions isolées qui peuvent être à l’origine de départs de feu, sont en outre difficiles à protéger en cas d’incendie et monopolisent les secours, méritent une attention particulière lors de l’élaboration d’un PPRIF. Il doit en être de même lors de la réalisation, par intégration directe d’une carte d’aléa, d’un plan local d’urbanisme (PLU) ou lors de l’instruction d’un dossier d’urbanisme en l’absence de tout document réglementaire ou en cas de connaissance de données nouvelles (évènements, expertises) ; les conditions d’accessibilité des véhicules d’intervention constituent également un facteur important à prendre en compte (cf. article R.111-5 du Code de l’urbanisme).

Lorsque des terrains sont concernés par une obligation de débroussaillement ou de maintien en état débroussaillé à caractère permanent, résultant soit d’un PPRIF soit des dispositions prévues pour certaines catégories de terrains situés à moins de 200 mètres de « bois et forêts classés à risque d’incendie » par l’autorité administrative compétente de l’Etat, en application de l’article L.132-1 du Code forestier (départements considérés comme à risque moyen) ou de « bois et forêts réputés particulièrement exposés au risque d’incendie » figurant à l’article L.133-1 (32 départements considérés comme à risque élevé), cette obligation doit être annexée au PLU ou au document d’urbanisme en tenant lieu (articles L.134-15 et R.134-6 du Code forestier).

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Fiche DGa1 : Outils de l’urbanisme réglementaire prenant en compte les risques majeurs

 

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Fiche DGa3 : Plan de prévention des risques naturels prévisibles (PPRN) et Plan de prévention des risques miniers (PPRM)

 

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Annexe 2 de RN 8 – Incendies de forêt : Débroussaillement et maintien en état débroussaillé. Téléchargeable ici en pdf

 

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MEDD, METLTM, MISILL et MAAPAR, PPR risques d’incendies de forêt – Guide méthodologique, 2002, 86 p.
Téléchargeable ici en PDF

 

3.5  La réduction de la vulnérabilité au niveau des enjeux

La réduction de la vulnérabilité du bâti passe par le débroussaillement régulier des abords, par la capacité de la construction (ainsi que des installations annexes) à résister au feu, par un stockage précautionneux des produits inflammables, par la mise en place, le cas échéant, d’équipements spécifiques (par exemple stockage d’eau ou piscine avec dispositif de pompage autonome), par un comportement adapté des occupants en cas de sinistre. Une bonne accessibilité est enfin un gage de sécurité (évacuation préventive si nécessaire, intervention des véhicules DFCI).

En particulier, dans les communes où se trouvent des « bois et forêts classés à risque d’incendie » par l’autorité administrative compétente de l’Etat en application de l’article L.132-1 du Code forestier (départements considérés comme à risque moyen) ou des « bois et forêts réputés particulièrement exposés au risque d’incendie » conformément à l’article L.133-1 (32 départements considérés comme à risque élevé), des obligations en matière de débroussaillement et de maintien en état débroussaillé incombent aux propriétaires de terrains (en particulier en zone urbaine), de constructions, chantiers ou installations de toute nature ainsi qu’aux propriétaires et gestionnaires d’infrastructures linéaires (voies ouvertes à la circulation publique, lignes électriques, voies ferrées), dans les zones situées à moins de 200 mètres des bois et forêts.

Les propriétaires ont la possibilité de confier ces travaux de débroussaillement et de maintien en état débroussaillé à une association syndicale (AS) de propriétaires ; les communes, leurs groupements et les syndicats mixtes peuvent également effectuer ou faire effectuer, à la demande et aux frais des propriétaires, de tels travaux.

Le maire a la responsabilité d’assurer sur le territoire communal le contrôle de la bonne exécution des travaux de débroussaillement  destinés à protéger les constructions et, le cas échéant, de les faire exécuter d’office par la commune aux frais des intéressés.

Par ailleurs, hors des territoires définis aux articles L.132-1 et L.133-1 du Code forestier, le préfet peut, indépendamment des pouvoirs du maire, décider le débroussaillement d’office aux frais du propriétaire, faute pour ce dernier ou pour les occupants d’avoir convenablement effectué les travaux dans des zones particulièrement exposées aux incendies.

Enfin d’une façon beaucoup plus générale, le préfet peut édicter toutes mesures de nature à assurer la prévention des incendies de forêt, à faciliter la lutte contre ces incendies et à en limiter les conséquences, comme par exemple la restriction dans l’usage du feu, la limitation de la circulation, etc.

L’ensemble de ces dispositions figure aux livre I-titre III (partie législative et partie réglementaire) du Code forestier, et plus précisément aux articles L.131.6 / 18, L.134-5 / 18 et L.135-1 / 2 ainsi que R.131-2 / 6, R.131-13 / 17 et R.134-4 / 6.

Enfin, la nature des constructions, les types de matériaux utilisés et la mise en place d’équipements spécifiques  peuvent modifier sensiblement l’importance des endommagements et les possibilités de protection des habitants en cas de mise à l’abri. Une attention particulière doit être portée au moins à la peau extérieure des bâtiments, aux toitures et à toutes les ouvertures ; certains matériaux représentent un grand danger compte tenu d’une chute très rapide de leur résistance à la chaleur, conduisant à une destruction subite et de nature à favoriser les courants d’air et par là la pénétration des flammes (cas, par exemple, des menuiseries PVC, particulièrement vulnérables) ; il en est de même quant au choix des végétaux plantés à proximité (haies, etc.).

Il n’existe pas à ce jour de guide publié par le ministère en charge de l’Environnement sur ce thème, comme ce peut être le cas pour un certain nombre d’autres dangers naturels. Toutefois, une rubrique du site Risques majeurs aborde ce sujet.

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Fiche DGa9 : Réduction de la vulnérabilité sur le bâti existant

 

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Annexe 2 de RN 8 – Incendies de forêt : Débroussaillement et maintien en état débroussaillé. Téléchargeable ici en pdf

 

 

3.6  Les dispositifs de protection collective

Pour les 32 départements considérés comme à risque élevé, l’Etat établit un plan départemental ou interdépartemental de protection des forêts contre les incendies (PPFCI), qui est soumis pour avis aux collectivités territoriales concernées et à leurs groupements (articles L.133-2 et R.133-1 /11 du Code forestier). Il définit notamment par massif, après diagnostic des territoires, les objectifs prioritaires (limitation des causes principales de feux ; amélioration des systèmes de prévention, de surveillance et de lutte), les actions à mener, les caractéristiques des opérations de débroussaillement, les priorités en matière de PPRIF, les structures et organismes associés à la mise en œuvre des actions avec les modalités de leur coordination.

Dans ces massifs, les travaux d’aménagement et d’équipement à des fins de protection et de reconstitution de la forêt, y compris ceux contribuant au cloisonnement des massifs par une utilisation agricole des sols (à l’exclusion de la mise en culture proprement dite) peuvent être déclarés d’utilité publique à la demande de l’Etat, d’une collectivité territoriale ou d’un groupement de collectivités territoriales ; sur certaines zones de ces périmètres, une mise en valeur agricole ou pastorale peut être imposée aux propriétaires et, le cas échéant, aux titulaires du droit d’exploitation de fonds boisés ou couverts d’une végétation arbustive (articles L.133-3 / 11 et R.133-12 / 19 du Code forestier).

Dans les départements à risque moyen où se trouvent des « bois et forêts classés à risque d’incendie » en application de l’article L.132-1 du Code forestier, l’établissement d’un PPFCI n’est pas obligatoire mais est recommandé ; il ouvre par ailleurs droit aux aides, notamment européennes.

Les équipements DFCI vont consister en création de routes et pistes (qui, dans les départements précités, peuvent faire l’objet de servitudes dans les conditions des articles L.134-1 / 3 et R.134-2 / 3 du Code forestier), de fossés d’assainissement, de points d’eau, de coupures stratégiques forestières et agricoles de combustible. Ces dernières doivent faire l’objet d’entretiens périodiques pour garder leur efficacité et à ce titre le recours au pastoralisme apparait bien adapté sous réserve notamment de réalisation préalable d’aménagements spécifiques et de passation de conventions pluriannuelles fixant les objectifs d’entretien et les modalités de rémunération du service rendu.

En outre, dans ces mêmes départements et en cas de risque exceptionnel d’incendies quel que soit le département, le maire ou le préfet (selon le lieu de situation du massif forestier) peut exiger le nettoiement des parcelles forestières, après exploitation forestière (suppression des rémanents et branchages) ou après un chablis et au besoin exécuter d’office les travaux (articles L.134-4, L.131-7 et R.131-5 / 6 du Code forestier).

Par ailleurs, les travaux de prévention peuvent également comprendre des incinérations et des brûlages dirigés, à effectuer toutefois selon des modalités strictement encadrées (articles L.131-9, L.133-6 et R.131-7 / 11 du Code forestier).

Enfin, le recours à l’évacuation est une mesure temporaire possible mais nécessite à la fois une bonne préparation en période hors crise et une bonne anticipation lors de celle-ci. Cette mesure, qui peut être délicate à mettre en œuvre si elle concerne un vaste périmètre, est par contre bien adaptée aux installations très sensibles comme les terrains de camping (d’autant qu’ils sont soumis à des prescriptions d’information, d’alerte et d’évacuation).

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Fiche DGa8 : Les ouvrages de protection collective contre les risques naturels

 

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Fiche R5 : Sécurité des terrains de camping et de caravanage

 

3.7  La préparation aux situations critiques

En ce qui concerne les communes susceptibles d’avoir à gérer une situation de crise, il ne peut être que recommandé aux maires concernés d’établir et de faire vivre un plan communal de sauvegarde (PCS), que celui-ci soit obligatoire ou non : en effet, la gestion de crise se prépare hors période de crise, au travers notamment d’exercices de simulation, afin d’être apte à répondre le moment venu à tous les aspects d’un tel épisode et dans toutes ses phases.

Face au risque d’incendies de forêt, le maire a en outre des responsabilités particulières notamment en matière de police préventive, qu’il s’agisse du contrôle du respect des obligations réglementaires (débroussaillement, usage du feu, circulation, etc.), de la mise en œuvre de certaines dispositions lui incombant (en particulier, débroussaillement d’office, mesures de nettoiement de parcelles forestières, danger lié à une décharge) ou de l’information préventive, par exemple en période de risque élevé. Pour cela, il peut notamment s’appuyer sur des bénévoles locaux en constituant puis en gérant un comité communal feux de forêts (CCFF) ou une réserve communale de sécurité civile dont il aura défini précisément les missions, les responsabilités et les moyens.
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Fiche R8 : Plan communal de sauvegarde (PCS)

 

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Fiche R9 : Réserves communales de sécurité civile (RCSC)

 

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Fiche R3 : Mesures de contrôle et pouvoirs de police du maire

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Pour en savoir plus :

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CGDD, Le risque de feux de forêts en France, Etudes et documents n°45 (08/2011), 40 p. Téléchargeable ici en PDF

 

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F. Perriez, J.H. Bartet, F. Barthélémy, F. Foin, J.P. Battesti et J.P. David, Rapport sur la protection contre les incendies de forêt après les feux de l’été 2003 (tome 1 : rapport général), IGA, CGGREF, IGE et CGPC, 2003, 84 p. Téléchargeable sur le site de la Documentation française

 

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B. Creuset, X. de Fürst, M.L. Madignier, J.J. Lafitte et P. Sauvage, Rapport de la mission d’appui, suite aux incendies de forêt de la Réunion, CGEDD, IGA et CGAAER, 2012, 70 p. Téléchargeable ici en pdf et sur le site du CGEDD

 

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Portail DFCI de la Délégation à la protection de la forêt méditerranéenne

 

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Site Entente pour la forêt méditerranéenne

 

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Site DFCI Aquitaine – Défense de la Forêt Contre les Incendies