FICHE E ÉLABORER LA RÉPONSE OPÉRATIONNELLE

Cette fiche donne des pistes de réflexion et des recommandations à adapter à son contexte local.

Ce travail de préparation doit permettre à la commune de mettre en place une logique d’adaptation progressive avec montée en puissance de son organisation et gradation de sa réponse opérationnelle, en fonction des risques du territoire. Pour chaque phénomène retenu dans le diagnostic des risques, il faut :

Le but est d’aboutir à une trame chronologique d’actions à réaliser prenant en compte :

Cette trame est appelée plan d’intervention gradué.

fiche E

 

STRATÉGIE
CHOIX D’UNE RÉPONSE OPÉRATIONNELLE À METTRE EN ŒUVRE
+
PLANIFICATION DES MISSIONS
DÉFINITION DES ACTIONS À RÉALISER, COMMENT LES FAIRE, À QUEL MOMENT ET AVEC QUI
=
PLAN D’INTERVENTION GRADUÉ

IMPORTANT

Il faut élaborer un plan d’intervention gradué pour chacun des phénomènes retenus lors de la phase de diagnostic du risque inondation.

E. 1. DÉFINIR LA STRATÉGIE OPÉRATIONNELLE

La principale préoccupation est d’assurer la sécurité des personnes. Les consignes en cas d’inondation indiquent qu’il faut se réfugier dans les étages ou entreprendre une évacuation si l’habitation n’en comporte pas ou si l'on y est forcé par la crue. Ces consignes, justes mais de caractère général, ne permettent pas d'aborder la complexité et la variété des situations d'inondation et de vulnérabilité.

Le choix du mode de mise à l’abri des personnes dans un lieu sûr (sur place en étage ou après évacuation) nécessite une réflexion locale approfondie prenant en compte :

Dans une première étape de réflexion sur un scénario, il est possible de raisonner par secteur géographique et niveau de gravité pour déterminer une stratégie globale à l’échelle de la zone étudiée. Le tableau page suivante illustre cette approche.

IMPORTANT

Il convient d’identifier les acteurs du territoire qui pourraient avoir besoin de plus de temps pour effectuer leur mise en sécurité (camping, hôpital, maison de retraite, ...). Il faut pour cela déterminer avec eux à quel moment il est important de les alerter pour qu’ils puissent agir avec un délai suffisant. Il est nécessaire que ces acteurs élaborent ensuite leur propre plan d’action en cas d’inondation.

ILLUSTRATION

La caserne de sapeurs-pompiers de Decize (58) est l’un des premiers bâtiments impactés sur la commune lors des crues de la Loire et peut se retrouver sous plus d’un mètre d’eau. Il était donc nécessaire de prévoir une évacuation préventive du site, pour assurer la continuité des secours sur le secteur en cas de besoin. Le SDIS 58 prévoit ainsi dès qu’une crue importante de la Loire est annoncée, de déplacer l’ensemble des véhicules, matériels et personnels sur d’autres sites. Cette évacuation peut durer plusieurs heures en fonction des disponibilités des agents. Le SDIS 58 anticipera donc en réalisant l’évacuation des locaux plusieurs heures avant l’inondation réelle de la zone.

 

Dans une deuxième étape, il faut affiner en fonction des vulnérabilités particulières de la zone : nature des bâtiments ou du type de résidents.

Pour les inondations rapides, il est nécessaire de voir si le bâtiment peut offrir un espace refuge et si celui-ci peut être atteint par les résidents (voir schéma d’aide au raisonnement ci-dessus).

Si la mise en sécurité dans le bâtiment est possible, il faut s’assurer que les personnes résidentes aient à la fois les capacités physiques et le temps suffisant pour s’y réfugier. Une attention particulière doit être portée aux personnes recensées comme vulnérables (personnes âgées, isolées, en situation de handicap et/ou souffrant de problèmes de santé...).

Pour l’évacuation, deux solutions sont envisageables, une évacuation de proximité dans un bâtiment voisin ayant un espace refuge suffisant ou une évacuation en dehors de la zone à risque. Dans ce dernier cas, il faut préciser les modalités (à pied, avec véhicules individuels ou collectifs), les itinéraires et le moment de déclenchement pour être sûr qu’elle puisse se faire en toute sécurité.
IMPORTANT

La stratégie retenue peut avoir des implications en dehors de la commune (par exemple la mise en place de déviations routières) ou nécessiter des ressources extracommunales (hébergement des personnes sur une autre commune...). Il est nécessaire de se coordonner avec les autres acteurs : communes, intercommunalité, conseil départemental, préfecture.

E.2. PLANIFIER LES MISSIONS

Une fois la stratégie choisie il faut la décliner pour une mise en œuvre concrète sur le terrain en :


> DÉFINITION ET HIÉRARCHISATION ÉVENTUELLE DES MISSIONS SPÉCIFIQUES AU RISQUE INONDATION (NON EXHAUSTIF) : QUE FAIRE ?

Les missions à réaliser dans un objectif de gestion d’une inondation afin de protéger les personnes, de réduire les dégâts et d’accélérer le rétablissement post-inondation sont de natures diverses et variées. Elles peuvent être classées en grandes catégories de missions et comporter plusieurs types d’actions.

Elles sont à adapter au phénomène prévisible, notamment crues lentes ou crues rapides :

savoir-plus POUR EN SAVOIR PLUS

La préparation et la mise en œuvre de ces actions sont développées dans le guide pratique PCS au chapitre 3 « la priorité du PCS : alerte et information de la population ».

IMPORTANT

Toutes les missions et actions suivantes doivent faire l’objet d’une information ou de consignes en direction des populations.

savoir-plus POUR EN SAVOIR PLUS

La préparation et la mise en œuvre de cette mission est développée dans la plaquette « PCS, organiser le soutien des populations : mettre en place un centre d’accueil et de regroupement ».

savoir-plus POUR EN SAVOIR PLUS

Guide du CEPRI « Le territoire et ses réseaux techniques face au risque d’inondation » de 2016 : https://www.cepri.net/tl_files/Guides%20CEPRI/Guide%20reseau.pdf

De plus, il est important de rappeler que la commune peut être impliquée de différentes manières dans la réalisation de ces missions :
savoir-plus POUR EN SAVOIR PLUS

Tout gestionnaire d’établissement recevant du public peut élaborer un Plan d’Organisation et de Mise en Sûreté (POMSE). L’objectif principal du POMSE est de mettre en place une organisation interne aux établissements permettant d’assurer la sécurité des personnes et des biens présents dans l’établissement, jusqu’à la fin de l’alerte ou l’arrivée des secours.Guide de l’IRMA « Le Plan d’Organisation de Mise en Sûreté (POMSE) dans les entreprises et les établissements recevant du public » de 2013 : http://www.irma-grenoble.com/01actualite/01articles_afficher.php?id_actualite=529

 

IMPORTANT

- Lorsque l’utilisation de matériels (barrières, panneaux, véhicules...) ou de bâtiments est prévue dans le cadre d’un plan d’intervention gradué, il faut être sûr qu’ils seront disponibles le moment venu, donc pas directement impactés ou inaccessibles (exemple : le PCC doit être positionné en dehors des zones inondables car il est très déstabilisant de devoir déménager une cellule de crise en cours d’évènement) ;

- La protection des biens communaux permet de réduire les dommages et d’accélérer la remise en service des installations.

> CONSTRUCTION DES ACTIONS : QUI FAIT, COMMENT, AVEC QUOI ET QUAND ?

Cette phase de travail doit permettre de répondre à la question « comment faire pour accomplir les missions ». Il s’agit de préciser :

Il faut répartir les missions en fonction des ressources qui seront disponibles. Cela nécessite un travail de réflexion et de priorisation des actions afin d’être sûr de pouvoir mettre en œuvre les tâches qui ont été prévues.

IMPORTANT

La construction des actions est développée dans le guide pratique PCS au chapitre 4 « Avec quoi faire face à un évènement : recensement des moyens ».

ILLUSTRATION

Pour les ressources humaines, il faut raisonner en partant d’une hypothèse basse de personnes disponibles lors du déclenchement du dispositif. En effet il est plus simple d’intégrer des forces supplémentaires que de réadapter un dispositif surdimensionné pour lequel il faut redéfinir des priorités au dernier moment. Les paramètres cruciaux dont il faut tenir compte sont :
- la période de la semaine (jour ouvrable/week-end), de la saison (scolaire, vacances) ;
- la disponibilité des personnes en fonction de leur lieu de résidence qui peut être affecté s’il est en zone inondable, des temps de trajets ; des difficultés d’accès (routes inondées, pont infranchissable)...

> DÉCISION DE DÉCLENCHEMENT D’UNE ACTION : À QUEL MOMENT FAIRE ?

L’incertitude de prévision est de nature différente selon le type de phénomène. Ainsi à une échéance de 24 h, l’incertitude n’est pas la même selon le type d’inondation :

Les actions prévues doivent pouvoir être réalisées en toute sécurité, aussi bien pour les intervenants de la collectivité que pour les personnes impactées.

ILLUSTRATION

Pour les inondations à cinétique rapide, il est nécessaire d’anticiper des actions car certaines ne peuvent pas être réalisées quand le phénomène se déclenche. C’est le cas de l’évacuation en dehors d’une zone à risque. L’évacuation d’un tel secteur peut être envisagée de manière progressive en fonction des prévisions et des incertitudes :
- évacuation des personnes vulnérables recensées (à mobilité réduite, âgées, isolées...) ;
- évacuation de maisons de plain-pied à proximité immédiate du cours d’eau ;
- ...On peut aussi prévoir l’évacuation des parkings souterrains et la mise en sécurité des véhicules hors zone inondable.

E.3. RÉDIGER LE PLAN D’INTERVENTION GRADUÉ

La dernière étape consiste à élaborer le déroulement chronologique des actions pour chaque secteur identifié. L’ensemble des déroulés de tous les secteurs est à synthétiser pour obtenir le plan d’intervention gradué par rapport au scénario étudié. En passant de scénarios de gravité à trame chronologique des actions, l’équipe municipale dispose ainsi d’un outil d’aide à la décision pour piloter et anticiper la gestion de l’évènement.

 

 

 

 

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